En quoi le label Nature & Progrès se distingue-t-il des autres ?

4 mai 2025

L’origine et la philosophie de Nature & Progrès

Créé en 1964, Nature & Progrès est l’un des plus anciens acteurs du mouvement bio. À cette époque, l’agriculture biologique en était encore à ses balbutiements en France. L’objectif du label allait bien au-delà de la seule réduction des intrants chimiques : Nature & Progrès s’est dès le départ inscrit dans une approche globale, qui prend en compte à la fois l’environnement, le social et l’éthique.

Leur slogan, “Pour une agroécologie paysanne”, donne le ton. Le label prône une agriculture à dimension humaine et locale, qui respecte les cycles naturels, la biodiversité et les paysans eux-mêmes. Contrairement aux labels bio institutionnels, Nature & Progrès n’a jamais voulu transformer la bio en simple “cahier des charges technique” : c’est avant tout un mouvement militant. Cela se ressent dans leurs modes d’interaction : les adhérents sont réunis en groupes locaux qui gèrent eux-mêmes les audits et les décisions de certification.

Une charte fondatrice ambitieuse

La charte de Nature & Progrès, qui est à la base de leurs engagements, va bien au-delà des exigences du label européen (le fameux logo vert avec l’eurofeuille). Par exemple, elle intègre dès le départ des aspects sociaux (conditions de travail, autonomie des producteurs) et s’oppose fermement à toute forme d’agriculture industrielle ou à grande échelle. Le label revendique aussi une opposition totale aux OGM, qui est inscrite dans ses fondamentaux depuis le début.

Les exigences spécifiques de Nature & Progrès

Qu’est-ce qui distingue concrètement Nature & Progrès sur le terrain ? Voici quelques exemples marquants de leurs critères et contrôles.

1. Un refus radical de l’agriculture industrielle

  • Surface limitée : les exploitations certifiées par Nature & Progrès doivent éviter toute forme de surdimensionnement. Le label privilégie les petites surfaces et les systèmes agricoles diversifiés.
  • Valorisation des circuits courts : une part substantielle des produits doit être vendue localement, privilégiant la relation directe entre producteur et consommateur.

2. Des critères environnementaux renforcés

Alors que la législation européenne sur le bio tolère encore certains produits de synthèse ou le plastique, Nature & Progrès est bien plus strict. Par exemple :

  • Aucun usage de paillage plastique n’est autorisé, même biodégradable.
  • Les traitements phytosanitaires, même homologués bio, doivent rester exceptionnels.
  • Valorisation des engrais organiques produits sur l’exploitation elle-même (fumier, compost).

3. Une attention particulière au bien-être animal

Pour les exploitations d’élevage, Nature & Progrès impose des conditions de vie très spécifiques pour les animaux :

  • Les animaux doivent avoir un accès permanent à des pâturages et autres espaces extérieurs.
  • La taille des troupeaux est limitée afin de respecter le bien-être des bêtes et éviter tout élevage intensif.
  • Alimentation 100 % bio et privilégiant les cultures produites sur place par l’éleveur.

Ces critères stricts sont régulièrement contrôlés par des audits participatifs, organisés par des groupes locaux d’adhérents, ce qui garantit une véritable transparence.

Une démarche unique : la participation active des acteurs locaux

Contrairement à des labels plus institutionnels qui reposent principalement sur des organismes certificateurs privés, Nature & Progrès fonctionne sur un mode participatif. Le contrôle des fermes et des exploitations certifiées est assuré par des groupes locaux composés de producteurs et de consommateurs. Ces contrôles sont basés sur un système participatif de garantie (SPG), un système reconnu par l’ONU comme étant durable et solidaire.

Voici comment ce mode de fonctionnement fait la différence :

  • Refus de la standardisation : chaque groupe s’adapte aux réalités locales du terroir et aux problématiques des exploitants.
  • Dialogue direct : les audits deviennent un moment d’échange entre les différents membres, favorisant la compréhension mutuelle.
  • Engagement des consommateurs : ces derniers participent eux aussi aux visites de ferme, une manière de se réapproprier leur rôle dans la chaîne alimentaire.

Ce système va bien au-delà des simples contrôles administratifs : il favorise des relations humaines et une collaboration active autour des enjeux locaux. Une manière de replacer l’agriculture au cœur de nos sociétés.

Les limites et défis du label Nature & Progrès

Si Nature & Progrès séduit les producteurs militants et de nombreux consommateurs éclairés, son fonctionnement comporte aussi des défis :

  • Le mode participatif, bien que très enrichissant, peut être chronophage pour les producteurs.
  • Le label reste encore peu connu du grand public, ce qui limite son influence commerciale par rapport à des labels institutionnels comme AB ou Demeter.
  • Enfin, le refus de standardisation complique la certification à grande échelle : chaque exploitation doit être appréhendée dans sa singularité.

Ces limites sont néanmoins le prix à payer pour une démarche cohérente, exigeante et réellement engagée.

Pourquoi choisir Nature & Progrès ? Une conviction plus qu’un label

En tant que vigneronne travaillant en biodynamie, je ne peux qu’admirer la cohérence et l’exigence de Nature & Progrès. Au-delà d’un label, c’est un véritable engagement, une philosophie de vie qui remet l’humain et la nature au centre. Alors, la prochaine fois que vous croiserez ce logo – il ressemble à une petite feuille stylisée –, pensez-y : c’est sûrement le signe que tout ce que vous aimez – terroir, respect du vivant et authenticité – est contenu dans ce produit.

Et vous, aviez-vous déjà entendu parler de Nature & Progrès ? Peut-être même avez-vous déjà goûté un vin ou un fromage siglé de leur label ? Partagez vos expériences dans les commentaires : je serais curieuse de savoir comment vous voyez ce label !

En savoir plus à ce sujet :