Comprendre le label AB : une garantie pour vos vins biologiques

Créé en 1985 en France, le label AB est aujourd’hui un pilier de la certification biologique. Géré par l’Agence bio, il repose sur un cahier des charges rigoureux fixé par la législation européenne (Règlement CE n°2018/848). Celui-ci définit des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement et de la biodiversité.

Pour qu’un vin puisse afficher le label AB, voici les principaux critères que doit respecter le viticulteur :

• Des raisins issus de l’agriculture biologique : aucune utilisation de produits chimiques de synthèse (comme les pesticides, herbicides ou fongicides) n’est autorisée dans les vignes.
• Fertilisation raisonnée : les engrais utilisés doivent être d’origine organique ou naturelle, pour préserver les sols et leurs écosystèmes.
• Un respect strict des traitements : l’usage du cuivre et du soufre est autorisé pour lutter contre certaines maladies comme le mildiou et l’oïdium, mais en quantité limitée (4 kg/ha/an pour le cuivre depuis 2020).

Ces exigences ne s’arrêtent pas à la parcelle. La vinification en cave doit également répondre à des critères bien définis, qui garantissent un produit final respectueux des normes biologiques.

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le label AB ne se limite pas au travail de la vigne. Les étapes de transformation en cave sont elles aussi soumises à un cahier des charges rigoureux :

• Limiter les intrants : de nombreux produits œnologiques (correcteurs d’acidité, enzymes, etc.) qui peuvent être utilisés dans la vinification conventionnelle sont strictement interdits.
• Limiter les sulfites : leur usage, bien que permis, est encadré. Par exemple, pour un vin rouge AB, la teneur maximale en soufre est de 100 mg/L, contre 150 mg/L en conventionnel.
• Privilégier les procédés naturels : la fermentation ne peut pas être artificiellement interrompue ou optimisée par des additifs non autorisés en bio. Cela nécessite une maîtrise pointue des processus naturels par le vigneron.

Cette double exigence, à la vigne comme en cave, fait du label AB une véritable garantie pour les consommateurs. Mais au-delà des règles techniques, cet engagement a aussi une forte portée écologique et sociétale.

Choisir un vin labellisé AB, c’est soutenir des pratiques agricoles qui minimisent les impacts négatifs sur la planète. Voici quelques bénéfices concrets :

• Préservation des sols : en interdisant les produits chimiques de synthèse, l’agriculture biologique favorise la vie des micro-organismes et des espèces indispensables au fonctionnement des sols.
• Protection de la biodiversité : les vignobles en bio accueillent souvent une riche faune et flore, grâce à des pratiques comme l’enherbement ou la plantation de haies.
• Une réduction des résidus chimiques : ces vins contiennent généralement moins (voire pas) de résidus de pesticides par rapport aux vins conventionnels. Ce point est d’autant plus crucial pour les amateurs soucieux de leur santé.

Un exemple concret : selon l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae), les vignobles bio présentent une biodiversité 30 % plus élevée que les vignobles conventionnels. En tant que vigneronne, je peux également témoigner que cette richesse se ressent jusque dans la qualité des raisins et l’expression des terroirs.

Un vin AB est-il toujours un vin de qualité ? C’est une question complexe. Si le label AB assure au consommateur des pratiques agricoles et des vinifications respectueuses du cahier des charges biologique, il ne garantit pas automatiquement le goût ou la maîtrise du savoir-faire. La qualité finale dépend aussi de nombreux autres facteurs :

• Le terroir (sol, climat, cépage) et son adéquation à la viticulture biologique
• L’expérience et la philosophie du vigneron
• Les conditions de stockage et d’élevage (par exemple, la part de bois dans les barriques peut influencer le goût)

Il est donc important de ne pas s’arrêter au seul label, mais de partir à la découverte des domaines et des producteurs qui se cachent derrière. Pour moi, en Alsace comme ailleurs, l’engagement en bio est souvent le reflet d’une démarche honnête et passionnée, mais c’est surtout un point de départ vers une quête d’excellence.

Ces dernières années, l’engouement pour le vin biologique ne cesse de croître. En 2022, plus de 17 % du vignoble français était cultivé en bio, selon les données de l’Agence Bio. L’Alsace est même l'une des régions viticoles les plus dynamiques, avec environ 30 % des surfaces de vignoble en bio ou en conversion. Derrière ces chiffres se cache une volonté croissante de répondre aux attentes des consommateurs, de limiter l’impact environnemental de la viticulture et de donner un avenir durable à nos terroirs.

Et le succès est aussi sur le marché : les ventes de vins AB en circuit court et en grande distribution affichent une progression continue. Les consommateurs ne s’y trompent pas : soutenir des producteurs engagés, c’est aussi soutenir une agriculture plus juste et plus respectueuse.

Le label AB, c’est avant tout une signature : celle d’un vin issu d’un mode de production qui respecte la nature, les sols et la santé des amateurs comme des professionnels de la vigne. Mais c’est aussi un appel à aller plus loin, à découvrir l’univers d’hommes et de femmes sensibles à leur environnement et soucieux de réfléchir à l’avenir de leur métier.

Alors, la prochaine fois que vous croiserez cette petite feuille verte sur une bouteille, souvenez-vous qu’elle ne dit pas tout, mais qu’elle raconte déjà une belle histoire. Déguster un vin AB, c’est lever son verre à un modèle agricole qui trouve un bel équilibre entre tradition et innovation, respect du vivant et recherche de plaisir gustatif. Santé !