L’OPABA présente 3 nouveaux portraits de pionniers de la bio en Alsace
Ce projet porté par l’OPABA permet de revenir sur les origines et les sources d’inspiration multiples de l’agriculture biologique en Alsace, afin de garder trace des valeurs, des engagements et des actions des pionniers et de les transmettre aux nouvelles générations.
Ce projet bénéficie du soutien financier de la Région Grand Est et de Fonds Européens FEADER – Fonds Européen pour le Développement Rural
L’agriculture biologique est née d’une multitude d’initiatives. Agriculteurs, médecins, agronomes et consommateurs ont simultanément, au cours du 20eme siècle, généré de nouveaux courants de pensée reposant sur des principes éthiques et écologiques. Ils ont initié un mode alternatif de production agricole privilégiant l’humus et le respect du sol ainsi que les équilibres naturels et l’autonomie des fermes.
La situation géo-politique particulière de l’Alsace la place au carrefour des différents courants qui ont contribué à la naissance de l’agriculture biologique et ont laissé leurs empreintes dans notre région.
Qui étaient ces pionniers de la bio en Alsace « générateurs de valeurs nouvelles ? Quelles étaient leurs sources d’inspiration ? Que reste t’ il de leurs actions ? 3 nouveaux témoignages à voir absolument !
Et vous pouvez voir et revoir les 6 premiers témoignages réalisés en 2014 avec le soutien de la Région Alsace et de fonds européens FEADER – Fonds Européen pour le Développement Rural.
Freddy SCHMIDT Ã Volgelsheim
En 1965, en pleine période d’agriculture intensive, Freddy, le père de Dany Schmidt, actuel trésorier et ancien président de l’OPABA, s’empoisonne avec les produits qu’il utilise pour traiter ses vergers. Il prend la décision de passer à l’agriculture biologique et tient bon malgré les difficultés. Sa rencontre avec l’Association des Consommateurs de l’Alimentation Naturelle en 1971 a récompensé sa ténacité. Cela fait maintenant plus de 50 ans que la Pulvermühle est conduite en bio. La troisième génération poursuit le sillon tracé.
Jean-Pierre FRICK Ã Pfaffenheim
Le Domaine Pierre Frick est lié au vignoble depuis douze générations et soigne aujourd’hui 12 ha de vignes. Il est géré par Jean-Pierre et Chantal Frick, et leur fils Thomas. Au début des années 1970, la formation et le conseil en matière d’agriculture biologique étaient rares. Pierre et Annette Frick ont pu partager leurs expériences avec Henri Bannwarth, vigneron à Rouffach, et un des premiers « bio » en Alsace. Puis la famille Frick s’est tournée vers la Suisse et l’Allemagne, et a découvert la biodynamie. Jean-Pierre Frick revient sur la conversion du vignoble : « Appliquant les préparations biodynamiques à partir de 1981, nous avons obtenu la première certification Demeter en 1986. L’application de cette approche plus globale de la vie du sol et de la vigne préconisée par la biodynamie a transformé notre vignoble et nous a transformé. »
Edouard MECKERT Ã Krautwiller
Edouard Meckert reprend le Moulin des Moines à Krautwiller en 1970 possession de sa belle-famille depuis neuf générations. « À l’époque, je souffrais de brûlures d’estomac, raconte-t-il. Nous avons donc décidé de transférer nos productions en mode biologique, tout en réhabilitant les méthodes traditionnelles sur meule de pierre. » À l’aube des années 70, personne ne croit à son projet. « Nous avons connu jusqu’en 1987 une longue traversée du désert pendant laquelle nous nous sommes contentés de commercialiser de la farine bio sous la marque Lemaire, et d’exporter des céréales vers l’Allemagne qui avait alors 10 ans d’avance sur le sujet. »
Précurseur de l’alimentation biologique depuis plus de 30 ans, le Moulin des Moines perpétue la tradition d’un savoir-faire artisanal à travers ses spécialités du terroir à base d’épeautre et plus de 1500 produits issus de l’agriculture biologique. Le moulin emploie 150 personnes et exporte dans une vingtaine de pays. Avec un chiffre d’affaires de 42 millions d’euros, dont un tiers à l’export, la petite entreprise ne connaît pas la crise.
Jean-Paul SIRLIN Ã Heimsbrunn
Gaston Sirlin le père de Jean-Paul est blessé pendant la guerre, mal soigné, il est orienté vers un médecin qui va réussir à le guérir grâce à une alimentation différente et des bains thermaux. Sauvé par cette approche, il décide à son tour de donner aux autres quelque chose de différent, de plus généreux, et se lance dans le bio dès 1958. Des personnes proches de la biodynamie en particulier Maria Thun le confortent dans ses choix et il est parmi les premiers à tester le compost bouse sur sa ferme. Son fils Jean-Paul a pris sa suite depuis 1980 et poursuit le chemin tracé.
Eugène MEYER à Bergholtz
Après un grave empoisonnement aux produits phytosanitaires qui a faillit lui couter la vue, Eugène Meyer décide en 1969 de développer la méthode biodynamique sur ses vignes en Alsace, selon le principe de Rudolf Steiner : respect de la vie et de la terre. Le domaine est à présent géré par son fils François qui poursuit le chemin tracé par son père.
Jean-Paul HORRENBERGER Ã Durrenentzen
« Suite à un voyage d’études dans le Jura, je suis rentré à la maison en disant à mon père : Si je reprends la ferme, ce sera en bio. Nous sommes donc passés en bio en 1969 mais ça n’a pas été facile. Nous n’avions ni aides, ni connaissances en production de légumes. Aujourd’hui, l’agriculture bio se développe et j’ai la joie de pouvoir transmettre une ferme familiale en agriculture biologique économiquement et socialement vivable à mes 12 enfants » raconte Jean-Paul Horrenberger.
Réalisation : Benoit Facchi et Arnaud Masson